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Les Plus Grandes Citations de La Littérature Française
26 mars 2010

Bérénice - Racine

C'est bien d'amour dont il est question dans cette tragédie. L'amour, mais pas le simple amour. L'amour impossible, victime des fluctuations des évènements et de l'inflexibilité de la destinée. Et lorsqu'un thème éternel croise la plume d'un des plus grands écrivains de tous les temps, cela donne naissance à une œuvre exceptionnelle.

Titus va devenir l'empereur. Il a déjà choisi celle qui s'unira à lui, mais par un malheureux caprice du destin, la lignée dont la jeune Bérénice est issue ne convient pas au peuple, et Titus doit s'en séparer. Malheureux, il doit donc s'en séparer et confie la douloureuse tâche de lui annoncer à Antiochus, son ami. Le jeune Antiochus, qui est lui aussi éprit de Bérénice, ne peut se résoudre à lui annoncer cette nouvelle qui l'anéantira. Cependant la vérité sortira tout de même et les jeunes héros devront affronter leur destin...


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ANTIOCHUS

Ne me trompé-je point? L'ai-je bien entendue?
Que je me garde, moi, de paraître à sa vue!
Je m'en garderai bien. Et ne partais-je pas,
Si Titus malgré moi n'eût arrêté mes pas?
Sans doute il faut partir. Continuons, Arsace.
Elle croit m'affliger, sa haine me fait grâce.
Tu me voyais tantôt inquiet, égaré;
Je partais amoureux, jaloux, désespéré;
Et maintenant, Arsace, après cette défense,
Je partirai peut-être avec indifférence.


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TITUS
Hé bien, Titus, que viens-tu faire?
Bérénice t'attend. Où viens-tu, téméraire?
Tes adieux sont-ils prêts? T'es-tu bien consulté?
Ton cœur te promet-il assez de cruauté?
Car enfin au combat qui pour toi se prépare
C'est peu d'être constant, il faut être barbare.

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BERENICE
Arrêtez, arrêtez! Princes trop généreux,
En quelle extrémité me jetez-vous tous deux!
Soit que je vous regarde, ou que je l'envisage,
Partout du désespoir je rencontre l'image,
Je ne vois que des pleurs, et je n'entends parler
Que de trouble, d'horreurs, de sang prêt à couler.

(A Titus.)

Mon cœur vous est connu, Seigneur, et je puis dire
Qu'on ne l'a jamais vu soupirer pour l'empire:
La grandeur des Romains, la pourpre des Césars,
N'a point, vous le savez, attiré mes regards.
J'aimais, Seigneur, j'aimais, je voulais être aimée.
Ce jour, je l'avouerai, je me suis alarmée:
J'ai cru que votre amour allait finir son cours.
Je connais mon erreur, et vous m'aimez toujours.
Votre cœur s'est troublé, j'ai vu couler vos larmes.
Bérénice, Seigneur, ne vaut point tant d'alarmes,
Ni que par votre amour l'univers malheureux,
Dans le temps que Titus attire tous ses vœux,
Et que de vos vertus il goûte les prémices,
Se voie en un moment enlever ses délices.
Je crois, depuis cinq ans jusqu'à ce dernier jour,
Vous avoir assuré d'un véritable amour.
Ce n'est pas tout: je veux, en ce moment funeste,
Par un dernier effort couronner tout le reste:
Je vivrai, je suivrai vos ordres absolus.
Adieu, Seigneur, régnez: je ne vous verrai plus.

(A Antiochus.)

Prince, après cet adieu, vous jugez bien vous-même
Que je ne consens pas de quitter ce que j'aime
Pour aller loin de Rome écouter d'autres vœux.
Vivez, et faites-vous un effort généreux.
Sur Titus et sur moi réglez votre conduite:
Je l'aime, je le fuis; Titus m'aime, il me quitte.
Portez loin de mes yeux vos soupirs et vos fers.
Adieu. Servons tous trois d'exemple à l'univers
De l'amour la plus tendre et la plus malheureuse
Dont il puisse garder l'histoire douloureuse.
Tout est prêt. On m'attend. Ne suivez point mes pas.

(A Titus.)

Pour la dernière fois, adieu, Seigneur.

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